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L'oeuf au riz du premier contact

« La danse du dingo », une peinture de Dick Roughsey
Dick Roughsey, auteur d'une autobiographie dont j'ai déjà parlé dans ce billet, y raconte la première incursion des Blancs sur son île de Mornington. C'était au début du XXe siècle, un peu avant sa naissance. Un bateau avait accosté et était reparti après avoir déposé sur la grève quelques dons, en l'occurrence de la farine, du riz et du savon afin d'afficher ses bonnes intentions.

Roughsey rapporte la perplexité des Aborigènes devant ce cadeau aussi inattendu que difficile à identifier. N'ayant jamais vu de farine, ils conclurent qu'il s'agissait d'une variété de craie : ils s'en badigeonnèrent donc le corps lors de la cérémonie suivante. Les grains de riz évoquaient à s'y méprendre des œufs de guêpe ou de frelon qui, comme chacun sait, ne sont pas comestibles ; on s'en débarrassa donc aussitôt. Seul le savon présentait les dehors d'un aliment digne de ce nom. La mère de Roughsey le mit donc sur le feu et conclut qu'il était cuit lorsqu'elle le vit ramollir. Son frère aîné garda toute sa vie le souvenir des épouvantables maux de ventre dont s'ensuivit la dégustation.

Quelques mois plus tard, le premier missionnaire s'installait sur l'île, porteur d'idées et de rapports sociaux aussi étrangers aux Aborigènes que la farine et le riz pouvaient l'être à leur gastronomie...

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